Les Pygmées Bagyeli sont un peuple vivant à l’écart des autres communautés, parfois même sans aucun contact avec eux. Ils ont conservé un mode de vie bien particulier, qui influe sur les actions qui leur sont parfois proposées de l’extérieur, comme c’est notamment le cas avec l’état civil. En effet, le mode de vie même des Pygmées est une difficulté supplémentaire à l’obtention de papiers officiels camerounais qui représentent leur porte vers des conditions de vie meilleures.

Les Pygmées voient comme une contrainte le fait d’être identifiés par des papiers, d’être liés administrativement. D’autre part, ils ont une perception des dates qui est particulière à leur mode de vie, bien souvent les naissances, décès et actes de la vie sont datés en fonction des saisons de pluie, de sécheresse, des campagnes de chasse et des campagnes agricoles. Les âges sont donnés en fonctions des arbres entourant le campement à l’époque, ce qui rend difficile l’établissement de documents officiels. De plus, concernant les noms et prénoms, des problèmes se présentent aussi : la plupart des Pygmées ont un nom pygmée, un nom bantou et un nom français et ils les utilisent de manière indifférenciée ; il en est de même pour les enfants qui ont également un surnom en plus de leur prénom. A ceci s’ajoute le fait que bien souvent dans les villages plusieurs habitants portent le même nom et le même prénom.

Se superposent à ces difficultés plutôt techniques, des obstacles à un niveau plus moral. En effet, les Pygmées ne voient pas l’intérêt de ces papiers administratifs dont ils ne connaissent pas le fonctionnement. Bien souvent ils demandent au personnel du Fondaf de les garder pour eux car ils ne sont pas conscients qu’il leur faut les garder en permanence avec eux. D’autre part, les Pygmées ont un mode de vie encore très peu sédentarisé, les habitudes de conserver et d’accumuler ne sont pas encore instaurées et tout document se perd facilement. Les habitations ne sont que très peu meublées et les déplacements fréquents et longs ne facilitent pas la conservation de documents importants.

Toutes ces conditions font que doter les Pygmées de documents administratifs s’avère impossible sans une sensibilisation préalable.